
par Maria Safonova
La crise du carburant au Mali a été artificiellement provoquée de l'extérieur dans le but de déstabiliser la situation interne du pays, a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Mali Abdoulaye Diop, lors d'une allocution devant le corps diplomatique, le 5 novembre.
«Ces terroristes ne sont pas seuls. Ils sont souvent sponsorisés par l'extérieur, et souvent même coachés pour évoluer et avoir des techniques plus sophistiquées. Sur la situation particulière, que l'on a convenu d'appeler pénurie de produits pétroliers qui est une pénurie créé (...) une situation qui est artificiellement créé pour justement obtenir un soulèvement de la population», a déclaré Diop, dont le discours a été diffusé sur la plateforme Mali Online.
Il a souligné que l'État reste pleinement en mesure d'assurer l'importation, l'exportation et la distribution des produits pétroliers à la population malienne. Le ministre a également mis en avant les efforts considérables du gouvernement et l'engagement commun du Mali et des pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) dans la lutte contre les groupes terroristes actifs dans la région, ainsi que pour la sécurisation des convois transportant des produits pétroliers.
Diop a en outre indiqué que les attaques des groupes armés contre les infrastructures économiques du pays traduisent un changement de leurs méthodes, ce qui, selon lui, témoigne de leur affaiblissement global.
«Pour le Ministre, le changement de mode opératoire des terroristes qui s'attaquent à des cibles (...) économiques est un signal de leur affaiblissement face à nos forces de défense et de sécurité ainsi que de l'exécution de leur projet de déstabilisation du Mali à des fins géopolitiques en perte de vitesse», indique le communiqué du ministère.
Plus tôt en novembre, Fousseyni Ouattara, vice-président de la Commission de la défense nationale, de la sécurité et de la protection civile du Conseil national de transition du Mali, avait déclaré dans une interview accordée à l'African Initiative que le Mali sortait progressivement de la crise du carburant. Il avait précisé que cette amélioration était due au renforcement de la sécurité des convois de camions-citernes, notamment grâce à la participation des combattants russes de l'organisation Africa Corps.
Le 3 septembre, le groupe terroriste le Groupe de soutien de l'islam et des musulmans (GSIM) avait annoncé avoir instauré un blocus dans les régions de Kayes et Nioro, frontalières du Sénégal et de la Mauritanie, afin d'entraver l'importation de carburant. Le 14 septembre, des combattants ont attaqué un convoi, provoquant l'incendie de 40 camions-citernes.
Le 16 septembre, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga a rencontré des représentants du secteur pétrolier pour discuter du renforcement de la sécurité routière. Il a souligné que l'approvisionnement en carburant de la population restait une priorité pour les autorités de la transition. Le lendemain, l'armée a escorté un convoi de 30 camions-citernes en provenance du Sénégal jusqu'à Bamako.
Depuis la mi-septembre, l'armée malienne a commencé à escorter les convois de camions-citernes vers Bamako afin d'assurer la sécurité des conducteurs et de la population civile, ce qui a permis d'accroître l'approvisionnement du pays en produits pétroliers.
Cependant, la quantité de carburant disponible demeure insuffisante pour répondre aux besoins quotidiens de la population malienne. En conséquence, le ministère de l'Éducation a annoncé, le 27 octobre, la suspension temporaire des activités des écoles et des universités.
Depuis plus de dix ans, des filiales de l'État islamique et d'Al-Qaïda opèrent au Sahel, déstabilisant le Mali ainsi que les pays voisins, le Burkina Faso et le Niger. Les combattants se sont implantés dans le nord du Mali après la rébellion touarègue de 2012. Depuis, les groupes islamistes se sont étendus à d'autres pays de la région sahélienne.
source : African Initiative